Entretien avec monsieur Nicolas Dupont-Aignan,
Nicolas Dupont-Aignan est maire de la ville de Yerres, député de l’Essonne, président du parti Debout la France, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2017 et auteur du livre « France, lève-toi et marche ».
Alexandre Sejdinov : Monsieur Dupont Aignan, comme vous le savez le gouvernement de M. Sarkozy en 2009 a crée les faux vrais taxi avec la loi dite des vtc…
Nicolas Dupont-Aignan : Oui la concurrence déloyale.
AS : Exactement, imaginons que par un heureux hasard vous êtes élu Président de la République en mai 2017, abrogeriez vous cette loi ?
NDA : Oui, je vous dis clairement oui, mais qu’on soit clair, je ne suis pas hostile à la concurrence, à condition qu’il y ait égalité de concurrence.
AS : Que voulez-vous dire ?
NDA : Il faut revoir la loi de 2009, je connais parfaitement l’économie du système, j’ai beaucoup de taxis qui habitent ma ville et il y a aussi des vtc, et comme toujours quand un système est à bout de souffle on oppose les pauvres, on les divise, il y a des bons chauffeurs de vtc et il y a des mauvais, il y a des bons chauffeurs de taxi et il y a des casse-pieds. La question majeure, c’est qu’il y a deux systèmes qui n’ont pas les mêmes conditions, donc je demande une chose simple, c’est qu’on remette tout à plat et si les vtc ont les mêmes droits que les taxis ils doivent avoir les mêmes charges, si c’est un service différent il faut faire respecter ce service différent. Mais soyons précis les couloirs d’autobus ils sont dedans ou pas dedans ?
AS : Ils ne sont pas dedans.
NDA : On dit qu’ils ne sont pas dedans et pourtant ils empruntent les couloirs d’autobus. Le racolage à la sortie des aéroports, ils sont dedans ou pas dedans ?
AS : Il leur est strictement interdit.
NDA : oui mais à la sortie des aérogares ils sont dedans, y compris les motos, personne ne fait rien. Je me suis battu aux élections régionales en allant à Orly. Déjà en 2010, j’avais été le seul à visiter à Orly et à Roissy les aires d’attentes et j’avais dénoncé les conditions déplorables et des toilettes indignes. J’avais à l’époque écris aux taxis.
Daniel Sejdinov : Que pensez-vous du fonds de garantie ?
NDA : On fait un fonds pour acheter le silence, ça va permettre d’aider certains taxis mais ça veut dire quoi ? ça veut dire qu’on a déjà abandonné ? ça veut dire qu’on a démissionné ? Ça veut dire qu’on achète le silence et qu’il n’y aura plus que des vtc exploités ? Et après on aura des chauffeurs de vtc qui vont découvrir qu’au bout de trois ans d’auto-entrepreneurs ils ne peuvent plus survivre. C’est le dumping social sous prétexte de modernité. Il y a beaucoup de chauffeurs vtc qui s’aperçoivent de l’escroquerie, au lieu d’être libres, ils sont aliénés et l’argent va vers une société américaine.
C’est vrai qu’il fallait moderniser le taxi et beaucoup d’efforts ont été fait par les taxis eux-mêmes, je prends très souvent les taxis et je m’aperçois de ce changement. Mais pour en revenir au fonds pour racheter les licences, j’aurais préféré que le fonds soit utilisé pour équiper les taxis avec des terminaux de carte bleue et de mettre en place sur les téléphones portables une application fiable et gratuite pour les taxis et le consommateur.
DS : Vous le dites vous même dans votre livre : France, lève-toi et marche, que les lois sont votées mais ne sont pas appliquées, il en est de même pour le conflit taxis/vtc.
Nicolas Dupont-Aignan : Oui c’est vrai, parce que les gens qui votent les lois n’écoutent pas ceux à qui elles s’appliquent et de plus, ils ne vont pas sur le terrain pour voir si ces lois seront applicables. Ensuite les lois ne sont pas appliquées par une justice défaillante qui a pour principe de libérer les voyous et de pénaliser les gens honnêtes. Et en vérité s’agissant des taxis et des vtc, le système politique français s’est couché devant une grande société américaine, qui est mieux contrôlée aux Etats Unis qu’en France.
AS : Effectivement, puisque j’avais critiqué la démarche, de monsieur Macron, alors ministre de l’économie, qui consistait à faire la manche auprès de Travis Kalanick, patron d’Uber, pour indemniser les taxis français.
NDA : C’est ahurissant, et après vous ne voulez pas que les gens soient révoltés, ils ont envie de tout casser et on les comprend. On les fait crever, et tout ça au nom de la modernité. La modernité d’exploiter son voisin, la modernité de faire des bénéfices des grandes sociétés internationales au détriment du petit commerce. Il n’est pas acceptable d’avoir d’un côté des auto-entrepreneurs et des gens perclus de charges à 47%.
AS : Dans ce cas les taxis payent pour les vtc puisque le régime social est global.
NDA : Tout à fait. Et j’aimerai savoir combien d’uber restent aux bout des trois ans ?
AS : Probablement très peu, mais en attendant pendant trois ans, ils auront fait du mal aux taxis.
NDA : Effectivement. Uber et les autres plateformes utilisent une main d’œuvre corvéable, ils ne lui donnent pas d’avenir et tout ça sous prétexte de modernité de service. C’est injuste à la fois pour les taxis parce que c’est une concurrence déloyale et pour les chauffeurs vtc qui sont exploités.
AS : Force est de constater que vous connaissez ce problème, quels sont vos propositions ?
NDA : Mon programme en vue de la présidentielle de 2017 tient en deux mots : Ordre et Justice et particulièrement justice sociale. Ordre pour le rétablir et nous venons de voir que les lois sont votées mais ne sont pas appliquées, et Justice sociale pour que les faibles ne subissent pas la loi du plus fort comme c’est le cas dans le conflit des taxis/vtc.
Mais je ne mentirai pas aux taxis en leur disant si je suis élu Président de la République il n’y aura plus de vtc. Mais ce que je peux promettre c’est qu’il n’y aura pas de concurrence déloyale ou d’injustice sociale. Si vtc doit y avoir il faut qu’il ait le même régime social que les taxis, ensuite je proposerai un quota de vtc, comme ce qui existe chez les taxis, une formation équivalente, casier judiciaire vierge et je serai intransigeant sur le fait, qu’ils ne doivent pas empiéter sur les prérogatives des taxis qu’est la possibilité de charger sur la voie publique et d’emprunter les couloirs de bus ou les voies rapides pour aller et revenir des aérogares. Et j’ajouterai le respect d’une mesure très importante s’agissant des vtc, c’est qu’ils doivent rejoindre leur garage après avoir déposé leurs clients car il n’ont pas vocation à stationner sur la voie publique en attendant de recevoir une course via leurs plateformes.
AS : Après ce que je viens d’entendre, croyez monsieur Dupont-Aignan que mon vote vous est acquis ainsi que celui des milliers de nos lecteurs.
NDA : Merci, mais vous savez, mes propositions ce n’est que du bon sens. Il est temps de balayer le système politique actuel, que ce soit l’UMP ou le Parti Socialiste, qui ne gouverne pas pour les français.
AS : Pour qui gouvernent-ils alors ?
NDA : Ils gouvernent pour Washington, Berlin, Bruxelles ou pour des gros intérêts financiers, et c’est une économie de prédation qui appauvrit le peuple français.
Ce qui se passe avec le conflit des taxis et vtc est symbolique de ce qui se passe dans toute la société. Et le drame c’est que dans un Etat de droit, le rôle du politique c’est d’éviter la jungle, où les plus gros mangent les plus petits. Eh bien moi, je veux éviter la jungle, c’est à dire remettre de l’ordre. Par exemple il n’est pas normal d’avoir trois centrales d’achat en face de milliers d’agriculteurs auxquels on impose les prix de leurs productions, Je veux renationaliser les autoroutes que nous avons amortis et payé plus de dix fois, on a confié un monopole public à une société privée, c’est du racket, ça suffit.
AS : Les gouvernements successifs depuis vingt ans ont-ils été corrompus ?
NDA : Non, il y a eu de la lâcheté, c’est pas venu en un jour, c’est un système qui s’est mis en place. Il y a des hommes politiques très bien, ils ne sont pas tous pourris loin de là, mais simplement ils ont été faibles. Faibles au sens qu’ils ont accepté ce qui est inacceptable, comme sur les vtc, ils ont oublié de réfléchir par eux-mêmes, ils ne sont pas libres car prisonniers des grands partis. Et pour réussir dans ces grands partis il ne faut rien dire, c’est pourquoi je suis parti de l’UMP en 2007, parce que j’ai compris que c’était un sable mouvant. C’était parti pour faire carrière, mais la politique ce n’est pas faire carrière, la politique c’est de servir le peuple, si on ne sert pas le peuple on s’en va et on gagnerait beaucoup plus d’argent ailleurs.
AS : Que répondez-vous à ceux qui disent de vous que vous êtes la doublure de Marine le Pen ou plus globalement de la famille Le Pen.
NDA : Oh, je dis que c’est une manipulation pour rester dans un système où il y a soit Le Pen ou soit on continue avec les mêmes. Parce que le Front National seul est l’assurance vie du système actuel, ils protestent mais ils ne gagnent pas, parce que les français hésitent à confier tous les pouvoirs à une famille. Et moi je gêne parce que je veux faire le ménage comme la famille Le Pen, mais je le ferai différemment, avec d’autres et de manière positive et sans excès, et ça, ça ne plait pas au système. Donc tout est fait pour m’assimiler à la famille Le Pen, puisque la famille Le Pen c’est le grand méchant loup de la vie politique française. Et je pense que je présente un projet pour la France beaucoup plus solide et beaucoup moins dangereux, parce que beaucoup plus rassembleur. Ca ne veut pas dire que je diabolise le Front National, il y a des gens bien, il y a beaucoup d’électeurs de bonne foi, mais on l’a vu lors des régionales, les gens protestent mais au second tour ne donnent pas le pouvoir au Front National. Il faut présenter, je dirai un patriotisme plus tranquille, plus positif, plus humaniste et qui ne met pas la France à feu et à sang c’est ce que propose notre parti Debout la France.
AS : Dans l’absolu vous êtes plus dangereux pour le système que le Front National auquel les portes des médias sont grandes ouvertes et à vous fermées.
NDA : Vous avez tout compris, les français ne me connaissent pas suffisamment car le système a peur d’un mec comme moi qui n’a jamais eu la moindre parole xénophobe, qui a des solutions de bon sens, qui ne veut pas collectiviser toute la société comme Le Pen et Melenchon, et que je veux revaloriser le travail individuel. Je suis élu de ma ville avec 80% des voix depuis vingt ans et pleins d’élus autour de moi sont élus avec ce score, mais qui ne sont pas connus. Nous avons l’expérience de gouverner, ce que le Front National n’a pas. Nous sommes donc plus expérimentés et plus sérieux.
AS : Contrairement au Front National, vous ne préconisez pas la sortie de l’Europe.
NDA : Sortir de l’Europe devrait être la dernière extrémité, mais avant il faut refonder l’Europe, je pense à une belle Europe Gaullienne, c’est à dire on récupère nos frontières, nos lois, notre souveraineté, mais en revanche, on peut travailler sur des grands projets européens comme Airbus par exemple. Il faut complètement bouleverser l’Europe sans l’abandonner, car nous sommes au cœur de l’Europe.
DS : Le prix nobel d’économie, l’américain Joseph Stiglitz vous donne raison sur votre proposition d’euro flexible en fonction de la taille du pays.
NDA : Oui mais ça fait dix ans que je dis cela, et il faut attendre que M.Stiglitz, dise l’euro ne marche pas, il faut un euro flexible, pour que je sois entendu. Il y a bien un dollar américain, un dollar, canadien et un dollar australien, c’est le dollar mais ils sont différents, c’est pareil pour l’euro, je veux un euro français, un euro allemand etc.
AS : Dans votre livre « France lève-toi et marche » que je recommande à tous les lecteurs de notre magazine, vous évoquez trois leviers pour la croissance que sont la consommation, l’épargne et le travail, pourriez-vous nous donner des exemples ?
NDA : Il faut baisser les charges des producteurs qui investissent en France en mettant en place un bonus malus. Si on veut faire baisser les charges pour tout le monde comme le propose la droite ou comme l’a fait Hollande on arrose le sable. Dans mon système je veux diviser par deux l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis en France c’est ce que je nomme bonus, alors que les entreprises qui investissent et délocalisent à l’étranger ne pourront pas bénéficier de la baisse de charges ce que je nomme malus. Par exemple quand vous prenez un taxi l’argent reste en France, c’est donc bonus, si vous prenez un vtc et que l’argent part à l’étranger c’est malus.
Je veux aider les entreprises qui relocalisent dans des zones à faible densité d’emplois. Je veux qu’il y ait une étiquette sur chaque produit fabriqué en France. Plus d’emplois, plus de consommation et surtout moins d’abus sont déjà des leviers énormes pour la croissance de notre pays.
AS : vous évoquez des abus ?
Nicolas Dupont-Aignan : Oui qu’on arrête de nous dire qu’il n’y a plus d’argent en France, c’est faux, c’est seulement que l’argent est mal réparti. Savez-vous que rien qu’avec les 8 milliards d’euros que nous donnons chaque année à Bruxelles, je peux augmenter de 100€ par mois la retraite de six millions de français. Un autre exemple le RSA que je trouve indispensable pour les plus nécessiteux est détourné par des gens qui n’y ont pas droit. En un an je peux faire baisser la facture de moitié, c’est la même chose pour la Sécurité sociale et les régimes spéciaux qui n’ont plus de raison d’exister. Et des exemples comme ceux que je viens d’évoquer il y en a par dizaines.
Il faut que les français se réveillent et ne votent plus pour les mêmes. Notre parti gaulliste Debout La France est la meilleure offre qui soit pour résister aux lobbies de toutes sortes qui veulent nous noyer sous prétexte de modernité ou de mondialisation.
AS : Merci monsieur Dupont-Aignan de nous avoir reçu dans les locaux de l’Assemblé Nationale, et d’avoir répondu à nos questions sans langue de bois. Et nous vous souhaitons sincèrement de réussir dans votre combat qui est aussi le notre.